samedi 18 juillet 2009

Tu ne m'avais pas attendu. Aux premiers rayons, tu avais quitté la tente à la recherche d'une plage. Les côtes portugaises avaient ceci de particulier qu'elles coupaient net l'océan. Des crêtes vertigineuses dérobaient le sol sans prévenir, au détour d'un coup de vent.

Trop seul, j'ai combattu mon sommeil et suis parti à ta recherche dans la plaine herbeuse et sèche. En contrebas, j'ai aperçu une petite plage, lovée comme une anomalie entre les escarpements. Tu n'y serais pas. Je te devinais plus haut, dans le vide et le vent, là où l'horizon se coucherait sous tes pieds.

Ne te trouvant pas, j'ai longtemps erré parmi des sentiers vaguement défrichés. À cette falaise, je me suis arrêté. Elle était profonde comme un tunnel. C'est là que je t'ai vue, au creux des vagues lentes et sombres. Tu reposais seule, fracassée au bout du vide.

Je me suis vu pleurer, endeuillé à tout jamais par ta faute. J'ai bien pensé te rejoindre. Mais je suis resté debout, pétrifié par ta chute trop longue, trop dure.

Puis j'ai reculé. Me suis retourné. Devant moi, le bruissement éperdu des hautes herbes m'emplissait les poumons. Libre comme un insecte, je suis parti loin de tes noyades, parmi les foins craquants.

Léger, je suis rentré au camping. Tu m'attendais rongée d'inquiétude. Mon petit déjeuner avait refroidi sur le tapis de paille. Tu m'as regardé manger. Toi morte et moi vivant, jamais je ne t'avais trouvée si belle.

2 commentaires:

  1. Je t'ai déjà dit que j'adorais ce texte.
    Seulement, je me rend compte à la lecture (contrairement à l'écoute), que les divisions sont parfois, je dirais mécaniques. Étranges
    Aussi, je crois que tu pourrais installer encore un peu plus l'ambiance. Je veux dire, toi et moi, on sait comment c'était, mais le lieu est un personnage très important dans ce texte et je crois que les caractéristiques spécifique à cette plaine devraient être plus abordées, ou évoquées.
    Aussi, j'aime beaucoup de phrases, qui sont comme des éclairs de clarté: "Libre comme un insecte, je suis parti loin de tes noyades, parmi les foins craquants." ou "Je te devinais plus haut, dans le vide et le vent, là où l'horizon se coucherait sous tes pieds"
    Finalement, j'ai l'impression que tu coupes beaucoup dans les émotions, peut-être par pudeur, ou par peur de faire rose bonbon collant beurré, mais tu devrais revisiter ce côté de ton texte, il me semble. Il y a des bons trucs.
    Bref, j'aime ce que tu écris!

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  2. Je découvre ton blog, ce matin avec mon café, et j'aime beaucoup ce texte... moi aussi!

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