Le camion – 3
J’ai perdu l’habitude des grands espaces. Du bras droit, j’atteins le poêle électrique; du gauche, je pousse la porte des cabinets. À deux pas, c’est la chambre, une pièce-lit, sans plancher, cernée d’étagères menaçantes. Françoise n’en sort jamais, ou presque. Quant à moi, je retrouve dans la cuisine-salon un vide suffisant pour m’apaiser. Je dors peu, le plus souvent le jour. Jamais dans la chambre.
Nous avons aussi une chambre d’amis. Une absurdité qui gonfle notre véhicule, lui confère des allures d’astronef. Les voisins de camping, mystifiés, nous visitent parfois. Ils s’étonnent de retrouver la même étroitesse que chez eux.
Depuis l’achat, nous n’avons rien changé à la deuxième chambre. Les draps blancs et secs du matelas ont un peu jauni. Qu’espérions-nous? Adopter une famille, un voyageur? Nous avons voulu fuir une absence; nous la traînons lourdement avec nous.
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
It's getting beter and better, my chevreuil.
RépondreSupprimerT'as vraiment créé des personnages chouettes. je les aime en même temps qu'ils m'ennuient.
Chouette.
C'est très intéressant! Tu arrives vraiment à dépasser le simple exercice de style: il y a tout un univers qui est en train de se former là. Hâte de lire la suite!
RépondreSupprimerJe vous remercie toutes les deux de me lire et de me commenter. Ça coupdepiedaucule.
RépondreSupprimer